jeudi 16 janvier 2020

Prix littéraire des Lettrés-d'union 2020 : littératures de l'Europe de l'Est


Chers lecteurs et chères lectrices,

Les membres  du comité directeur de l’association LETTRES D’UNION, avons  décidé de vous présenter un projet qui nous tient à cœur  car il va nous permettre encore plus de partage et de convivialité autour de la littérature .
Quel est  ce projet ?
L’organisation d’un prix littéraire. Pour ce premier prix littéraire, nous avons décidé de vous faire découvrir  des  auteurs de l’Europe de l’Est.
Pendant  quatre mois, nous avons lu un certain nombre de livres qui nous ont été conseillé par nos libraires, par des critiques de journaux ou sur internet. Parmi ces ouvrages, nous avons sélectionné cinq titres qui nous ont enthousiasmés, interpellés, émus.

Voici les cinq titres sélectionnés :
- Magdalena Parys : Le Magicien
- Arpad Soltesz : Il était une fois dans l’est
- Viliam Klimacek : Bratislava 68, été brûlant
- Branimir Scepanovic : La bouche pleine de terre
- György Dragoman : Le bûcher


Ces livres seront soumis à un jury qui sera composé de toutes les personnes de l’association qui le souhaiteront.
Pour lire ces livres, nous aurons  de mi- février à fin mai.
Début juin, nous voterons pour notre livre préféré. Puis la librairie avec le soutien de l’association organisera une soirée autour du livre - lauréat (invitation du lauréat et/ou de l’éditeur  ou  tout autre chose, on verra ce qu’il est possible de faire).
Une ou deux séries seront mises à la disposition des lecteurs. Un modèle de fiche de lecture sera également disponible, ceci dans le but de rendre plus intéressants les échanges autour des livres  lors du vote.
Les personnes intéressées auront un bulletin d’inscription à disposition qu’elles pourront retirer à la librairie jusqu’au 10 février 2020.
Une réunion d’informations aura lieu le lundi 10 février 2020 à 18h30,  à la librairie.




lundi 13 janvier 2020

Rencontre du 21 janvier 2020: Liana Levi

Rencontre 

avec l'éditrice Liana Levi

le 21 janvier 2020 à 18h30
Librairie Autour du monde
44, Rue de la Chèvre, 57 000 Metz

L'histoire d'une rencontre, celle d'une éditrice et d'une autrice...

Liana Levi et Aline Kiner !

Tout a commencé en janvier 2011 avec la parution de ce premier roman "Le jeu du pendu", une sombre enquête au cœur de la Moselle ; suivi en 2014 par "La vie sur le fil". Malheureusement l'histoire s'achève en janvier 2019, après la magnifique et remarquable "Nuit des béguines".
Originaire de Moyeuvre, Aline Kiner a toujours été fidèle à sa première rencontre en librairie à Metz. Elle était venue à la librairie le 26 septembre 2017 présenter ses chères béguines, un grand souvenir.
Nous avions à cœur de lui rendre cet hommage ainsi qu'à son éditrice Liana Levi. Hommage car ce sont 38 années d’aventures éditoriales et humaines avec des noms tels qu’Ernest J Gaines, Ernst Lothar, Soma Morgensten mais aussi Silvia Avallone, Lucile Bordes, Didier Castino, Négar Djavadi, Emmanuel Grand, Paola Pigani et tant d’autres découvertes !


Présentée par Virginie, nous avons assisté à une rencontre émouvante autour de l’œuvre d’Aline Kiner, en présence de son éditrice Liana Levi.

"Pour Le jeu du pendu, son manuscrit était enfoui dans la pile des manuscrits, nous en recevons des centaines.  J'étais très fâchée qu'il n'ait pas été lu plus tôt ! Fille de migrants fascinée par l'histoire de cette région [la Lorraine et son passé, notamment au lendemain de la Libération], Aline a sur raconter l'histoire ce qui s'est passé pendant cette période…

Elle était lumineuse, elle tissant des liens. Un matin je buvais un café avec elle, place Maubert, il y avait une belle lumière. Elle m’a dit : «  Je vais écrire un livre sur les biguines. Tu sais il y avait un béguinage là-bas. » Elle lève le bras et fait un geste de la main vers la Seine [l’Ancien Grand Béguinage de Paris se trouve rue du Fauconnier, dans le Marais]. Elle a fait trois ans de recherches, en collectant des informations, un travail reconnu par les historiens eux-mêmes…"
Rentrée littéraire

"Nous sommes étonnés du succès du livre qui ne s'est pas arrêté. Il est toujours dans les vingt-trois premiers.  Zut ! C'est pas juste qu'elle ne soit pas là pour profiter de ce succès !
Elle s'est arrêtée… Elle travaillait à un roman sur les tailleurs de pierres de Strasbourg, les bâtisseurs de cathédrale. C'est comme si, en bonne fée, elle protégeait la maison d'éditions. Elle donnait tout son apport pour que tout se passe plus facilement.
Nous avons 38 ans d'existence ! Les éditeurs français de même que les libraires se débrouillent très bien. En Italie ce n'est pas le cas. Nous devons avoir conscience du fait que nous sommes tous responsable d'un patrimoine culturel... si on ne fait pas attention à ça. ..
Une grande maison travail très différemment. Il y a des auteurs qui ont leur place dans ces grandes maisons, ils attendent un autre accompagnement. Nos auteurs besoin d'un environnement amical, surtout les jeunes auteurs. J’ai rencontré une vraie jeune auteure de vingt-quatre ans, comment faire pour écrire ? Nous devons l’accompagner, y compris matériellement."
La vie sur le fil
"Nous avons décidé de le publier alors qu'il était inabouti. Là, c'était trop important pour elle. Finalement le livre est sorti, avec un accompagnement éditorial Pour Les Béguines on a quasiment rien fait... La vie sur le fil était son roman le plus personnel, auquel elle était très attachée."
Virginie : "Elle considérait chaque roman comme un premier roman. Elle voulait explorer toutes les pistes tout en étant fidèle à ses recherches."
Liana Levi : "Je ne lis jamais de roman historique mais là il faut s'arrêter. Elle avait travaillé avec Le Goff [Jacques Le Goff, historien médiéviste français], elle savait très bien où elle allait. Nous-mêmes nous nous sommes dits : on va se ramasser. Il y a une forme de snobisme envers le roman historique. C'est un livre qui fera date. Qui fait date. Et puis qu'est-ce que ça veut dire roman historique ? Si vous prenez Greenland, c’est un roman sur ce qui se passe dans la société actuelle [Seth Greenland : Mécanique de la chute est présenté ainsi sur le site des Editions Liana Levi : « Un grand roman sur les embûches de notre temps et ses dangereuses dérives. »]"





Littératures du monde entier, polar, collections « Piccolo », « Grandes voix d'Italie »…
"Qu'y a t-il de plus agréable que de sortir d'un livre en ayant l'illusion d'avoir compris une partie du monde? Quand on le referme on se pose la question : de quoi nous coupent les réseaux sociaux ? La cohérence c'est l'intérêt pour ce qui se passe autour de nous. « Un petit boulot » de Iain Levison : ce livre est arrivé par un agent, c’est un écrivain très talentueux mais complètement paumé. Il était édité aux USA, il avait un agent. Ça commençait à pointer pour lui, il avait des antennes pour sentir ça… Et son éditeur l'a lâché ! On a les droits mondiaux, on a cédé tous les droits au cinéma. Chaque auteur à une histoire différente.
Malgré tout on est déterminé, dans son histoire familiale ou par l'Histoire avec un grand H, c'est incontournable."

A propos d’Ernest J. Gaines

"C’est une certain monsieur, un universitaire, qui avait fait le tour des éditeurs parisiens… Il a poussé la porte en disant : « Il y a cet auteur, je voudrais le placer.»  J'ai lu « Colère en Louisiane ». Gaines avait enseigné à Nantes, il avait une femme magnifique - qui parlait un peu comme Obama, un style impeccable – lui il avait un fort accent du sud… C'est assez miraculeux ! Pour ce qui est du choix du métier, quand j'étais petite fille on avait organisé une sorte d'atelier pour les livres… C'est inconscient. Si j'avais su les paramètres à connaître, je ne me serais pas lancée là-dedans !"

Grand textes de l'Italie 
"Ce sont des textes perdus, mal traduits, épuisés, des auteurs importants. On va rechercher les droits traduction, il y a des choses impossibles entre deux cultures… Une des premières années où j'étais à Francfort, une agente italienne m'a demandée : « Tu ne veux  pas éditer Primo Levi ? » Elle avait essayé de placer les nouvelles de Primo Levi chez des éditeurs. ... La littérature est un art majeur en Italie. Au moment où vivait Primo Levi il y avait des grandes familles qui avaient des liens avec la culture… Aujourd’hui la maison Enaudi est entre les mains de Berlusconi, y'a de quoi pleurer ! Dommage pour l'Italie mais le dernier mot n'est pas dit! En France il y a une conscience vraiment plus forte, au sein du Syndicat du Livre, la loi Lang... C'est gagné, il y a une capacité des Français à résister à certaines pressions. Je ne peux me départir d'une certaine admiration, il n'y a qu'à voir les résultats du livre, c'est un secteur qui marche. Je sais que c'est difficile mais c'est quand même fantastique ! On a un métier formidable...

Le problème avec les auteurs… Je leur dis toujours : « Auteur, c'est pas un métier ». C'est logique, en même temps on est dans un monde où tout vous prend du temps, au milieu d'un tas de contradictions. Je me définis comme petit éditeur en fonction d’un chiffre d'affaires limite, c’est un classement purement économique. Des auteurs qui vendent un million six…  même les très grandes ventes, même eux baissent. Pour la librairie en général c'est ennuyeux, beaucoup se déverse dans le livre de poche. Il a beau représenter beaucoup de choses mais pour nous il faut vendre deux livres... Peut-être juste pouvoir équilibrer le grand format et mieux vendre le poche… Maintenant on garde tout, ce qui énerve les grands éditeurs pochistes ! On ne pourrait pas vivre si on n’avait pas la collection poche [Piccolo]."
Matzneff ?
"Je me souviens très bien quand il passait à Apostrophes. La situation était différente. J'étais horripilée par ce qui se passait à l'époque… J'ai assisté à beaucoup de situation de ce type, ça m'a toujours paru sordide. Il y a des coteries, eux-mêmes se sont laissés entraînés par un mouvement général. Je me suis fait traitée de moraliste, je ne le nie pas. Aujourd'hui la mise en demeure va dans l'autre sens et là, le politiquement correct me fait tout aussi peur. Les gens qui meurent dans la Méditerranée, ceux qui dorment dans la rue, dans quelques années on se dira : « Qu'est-ce qu'on a fait ? » C'est difficile d'être contemporain."