mercredi 25 novembre 2020

Du lard ou du cochon


Comme annoncé en octobre, lors de la présentation de notre Premier prix littéraire, nous espérons toujours que la venue le 14 janvier 2021 à la librairie « Autour du monde » de Sébastien WESPISER des éditions AGULLO pourra avoir lieu.

Dans l’attente, voici un lien vers le 23e festival international du roman noir de Frontignan où vous pourrez écouter un extrait d’ « Il était une fois dans l’Est »


Un autre lien vers la bande annonce (en slovaque) de l’adaptation du « Bal des Porcs », le deuxième roman d’Arpad SOLTESZ : « Svina » (Scumbag en anglais)

 


Un article à propos du film

 http://eurojournalist.eu/slovaquie-la-mort-du-journaliste-au-cine/

Et pour finir sur une note plus légère, un lien vers la chanson titre :



 

dimanche 15 novembre 2020

Nelly Kaplan : Une artiste a disparu, pas son souffle


 
L'écrivaine et réalisatrice Nelly Kaplan au côté du cinéaste Abel Gance, en novembre 1965. [Lipnitzki / Roger-Viollet - AFP]

Nelly Kaplan, née en 1931, est décédée le 12 novembre dernier.

Née à Buenos Aires, elle arrive à Paris dans les années 1950 et va tout de suite à la cinémathèque française, où par l’intermédiaire d’Henri Langlois, elle rencontre Abel Gance, dont elle devient l’assistante.

Amie d’André Breton et d’André Pieyre de Mandiargues, elle est proche du surréalisme.

Elle réalise plusieurs films d’art, et en même temps publie des ouvrages de fiction chez divers éditeurs (Losfeld, La Jeune Parque, Pauvert, La Différence).

Son premier long métrage de fiction, dont aucun producteur n’avait voulu, est réalisé avec un petit budget (constitué par l’avance sur recettes et un emprunt), et sera un succès, dans la foulée de l’esprit libertaire de 1968. Il s’intitule La Fiancée du Pirate et raconte l’histoire d’une jeune femme qui se venge des notables locaux qui l’ont exploitée. En dépit d’une interdiction aux moins de 18 ans et du refus de tous les distributeurs de le diffuser, il triomphe et est aujourd’hui considéré comme un des meilleurs films français de cette époque, un des rares qui exprime l’état d’esprit du temps.

  

« L’histoire d’une sorcière des temps modernes qui n’est pas brûlée par les inquisiteurs car c’est elle qui les brûle » (Nelly Kaplan) est portée magnifiquement par son interprète Bernadette Lafont, soutenue par une belle brochette d’acteurs, parmi lesquels Louis Malle, dans le rôle d’un ouvrier espagnol nommé Jésus (le curé du village, aussi corrompu et concupiscent que les autres, s’appelle l’abbé Dard !), et Michel Constantin, marchand ambulant qui lui sert d’initiateur au cinéma. Le tout en fait un chef-d’œuvre.

Par Etienne 

 


samedi 7 novembre 2020

JEAN PIERRE VINCENT A QUITTE LA SCENE

 
Droits réservés : Le Monde -  Le metteur en scène Jean-Pierre Vincent en 2019 - Jean-Louis Fernandez

Le grand metteur en scène de théâtre, Jean-Pierre Vincent, est mort cette nuit à l’âge de 78 ans, a annoncé son entourage. Fragilisé par la Covid-19, il souffrait de séquelles, ce qui avait contraint le Théâtre National de Strasbourg à reporter la création de son Antigone de Sophocle prévue cette saison. Il aura été le compagnon de route de Patrice Chéreau au début de sa carrière. Il a aussi dirigé le TNS à Strasbourg et la Comédie-Française.

C’est avec Jérôme Deschamps et Patrice Chéreau que Jean-Pierre Vincent fait ses premiers pas au théâtre. Ils se rencontrent au groupe théâtral du lycée Louis-le-Grand. “J’ai vu un jour sur une porte grise dont je ne souviens très bien écrit à la craie : groupe théâtral” raconte Jérôme Deschamps. “Et derrière la porte, il y avait Jean-Pierre et Patrice. Et tout d’un coup on basculait dans un autre monde. Il y avait une sorte de bienveillance chez Jean-Pierre tout à fait admirable et simple“. Jean-Pierre Vincent se tourne très vite vers la mise en scène et suit Patrice Chéreau à Gennevilliers, puis au Théâtre de Sartrouville.

Avec le dramaturge Jean Jourdheuil, ils fondent le Théâtre de l’Espérance, chantre de l’expérimentation. Ils mettent en scène les auteurs allemands : Brecht, Büchner, Grabbe. Jean-Pierre Vincent se fait remarquer et on lui confie en 1975 la direction du Théâtre National de Strasbourg. Il donne une place importante à la formation et produit de grands spectacles autour de la classe ouvrière.

En 1983, François Mitterrand lui confie le poste très convoité d’Administrateur général de la Comédie-Française. Il ne se s’y sent pas très à l’aise, et quitte la Place Colette à l’été 86 pendant la première cohabitation. “Si son engagement et sa radicalité, que nous lui avons connus jusqu’au bout, ont pu créer alors des incompréhensions, il a pourtant ouvert une voie en tournant notre théâtre vers sa modernité” a confié Eric Ruf, l’actuel Administrateur. “Je puis témoigner que nous en profitons encore aujourd’hui. Chaque administratrice ou administrateur depuis en a fait son miel.

Après le Français, Jean-Pierre Vincent replonge dans la direction d’un grand théâtre en 1990, il succède à Patrice Chéreau à la tête des Amandiers de Nanterre. Il y reste pendant plus de dix ans. Il devient un dénicheur de talents. Il convie en résidence de jeunes metteurs en scène, dont Stanislas Nordey. “On n’en n’a pas plusieurs des pères de théâtre” nous a confié le directeur du TNS. “Il m’a mis le pied à l’étrier, il m’a appris tout ce qu’est le théâtre public, il m’a initié au théâtre contemporain. Je lui dois beaucoup. Et puis c’était un pédagogue extraordinaire qui savait emmener très loin les jeunes acteurs.

A la mort de Patrice Chéreau en 2013, il devient une sorte de Commandeur du théâtre français, une référence, le garant d’un théâtre exigeant. “Une sorte de conscience du théâtre français” conclut Stanislas Nordey.

Texte de Stéphane CAPRON

https://sceneweb.fr/hommage-la-mort-de-jean-pierre-vincent/ 

 

Utilité du théâtre

Et quant à l’utilité du théâtre, sa fonction sociale : tu dirais quoi des pouvoirs du théâtre aujourd’hui ? De ce à quoi il sert, et de ce qu’il peut réellement ?

JEAN-PIERRE VINCENT – C’est de garder de façon publique l’intelligence en mouvement, le lien entre la surprise artistique (l’émerveillement) et la vision critique. De permettre à des gens, par des récits, des images, etc., de ne pas mourir idiots, ou de vivre actifs. La lutte contre l’aggravation des inégalités, contre la séparation des individus, l’aggravation de la situation écologique de la planète (de nous sur cette planète absurde), ce n’est pas sans le théâtre que ça se fera. Ce qui compte – je le vois bien dans les multiples rencontres avec le public – c’est un échange actif de l’intelligence qui – j’ai le regret de le dire – ne se produit plus guère qu’au théâtre, et autour de lui.

– Mais qu’a-t-elle de singulière cette intelligence au théâtre ?

JEAN-PIERRE VINCENT – C’est de permettre à des humains de prendre de la hauteur, de la distance, afin de penser le monde hors des filières obligées. Non pas le penser de façon pédagogique, mais de le penser avec des cerveaux plus libres, avec l’imagination qui est le propre de chaque être humain. Là où je souffre un peu en ce moment, c’est que depuis l’aventure Ravenhill à l’ENSATT, je n’ai pas vraiment rencontré de textes forts. Si n’avons pas les poètes majeurs qui naissent, ça va être très difficile pour le théâtre. Parce que les écritures de plateau, ou les fantaisies barbares de tel ou tel inventeur de théâtre aujourd’hui, ne vont pas faire époque, seulement symptôme d’époque. Mais notre époque ne fait plus époque, dit Stiegler. Peut-être que le rapport du langage avec le monde a été trop détruit par la révolution numérique – une aubaine pour le règne de la Phynance mondiale et ces Ubu qu’elle met au pouvoir ici et là. Les Damnés de la Terre – dans le Nord ou en Ohio – votent à droite de la droite. Que feront-ils quand ça aussi aura raté ? J’espère que je ne serais jamais déprimé, mais aujourd’hui je suis pessimiste. Comme disait le Président Mao à un ministre français qui lui demandait « Monsieur le Président, vous avez dû être formidablement optimiste en 1927 quand vous étiez cinquante à cheval sur les hauteurs de Shanghai ? », et il a répondu : « Détrompez-vous monsieur, j’étais tellement pessimiste que j’ai fait tout ça ». C’est une phrase qui m’a beaucoup marqué, et souvent les phrases qui te marquent c’est parce qu’elles te ressemblent".

Jean-Pierre Vincent (1942-2020)

Source : https://theatrepublic.fr/theatre-public-n-224-presences-du…/

Et deux liens pour aller plus loin...

une conversation avec Olivier Neveux  : 



une émission de France Culture :

https://www.franceculture.fr/emissions/les-nuits-de-france-culture/la-nuit-revee-de-jean-pierre-vincent-entretien-13-1ere-diffusion-05112017?xtor=EPR-5&actId=ebwp0YMB8s0XXev-swTWi6FWgZQt9biALyr5FYI13Oqgvi-R6tK7w98SkIKwMoFh&actCampaignType=CAMPAIGN_MAIL&actSource=619620