dimanche 15 novembre 2020

Nelly Kaplan : Une artiste a disparu, pas son souffle


 
L'écrivaine et réalisatrice Nelly Kaplan au côté du cinéaste Abel Gance, en novembre 1965. [Lipnitzki / Roger-Viollet - AFP]

Nelly Kaplan, née en 1931, est décédée le 12 novembre dernier.

Née à Buenos Aires, elle arrive à Paris dans les années 1950 et va tout de suite à la cinémathèque française, où par l’intermédiaire d’Henri Langlois, elle rencontre Abel Gance, dont elle devient l’assistante.

Amie d’André Breton et d’André Pieyre de Mandiargues, elle est proche du surréalisme.

Elle réalise plusieurs films d’art, et en même temps publie des ouvrages de fiction chez divers éditeurs (Losfeld, La Jeune Parque, Pauvert, La Différence).

Son premier long métrage de fiction, dont aucun producteur n’avait voulu, est réalisé avec un petit budget (constitué par l’avance sur recettes et un emprunt), et sera un succès, dans la foulée de l’esprit libertaire de 1968. Il s’intitule La Fiancée du Pirate et raconte l’histoire d’une jeune femme qui se venge des notables locaux qui l’ont exploitée. En dépit d’une interdiction aux moins de 18 ans et du refus de tous les distributeurs de le diffuser, il triomphe et est aujourd’hui considéré comme un des meilleurs films français de cette époque, un des rares qui exprime l’état d’esprit du temps.

  

« L’histoire d’une sorcière des temps modernes qui n’est pas brûlée par les inquisiteurs car c’est elle qui les brûle » (Nelly Kaplan) est portée magnifiquement par son interprète Bernadette Lafont, soutenue par une belle brochette d’acteurs, parmi lesquels Louis Malle, dans le rôle d’un ouvrier espagnol nommé Jésus (le curé du village, aussi corrompu et concupiscent que les autres, s’appelle l’abbé Dard !), et Michel Constantin, marchand ambulant qui lui sert d’initiateur au cinéma. Le tout en fait un chef-d’œuvre.

Par Etienne 

 


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