dimanche 1 novembre 2020

Ecole laïque

 « Avant de terminer, je veux te dire le mal que j’éprouve en tant qu’instituteur laïc, devant les projets menaçants ourdis contre notre école (1). Je crois, durant toute ma carrière, avoir respecté ce qu’il y a de plus sacré dans  l’enfant : le droit de chercher sa vérité. Je vous ai tous aimés et crois avoir fait tout mon possible pour ne pas manifester mes idées et peser ainsi sur votre jeune intelligence. Lorsqu’il était question de Dieu (c’est dans le programme), je disais que certains y croyaient, d’autres non. Et que dans  la plénitude de ses droits, chacun faisait ce qu’il voulait. De même, pour le chapitre des religions, je me bornais à indiquer celles qui existaient, auxquelles appartenaient ceux à qui cela plaisait. Pour être vrai, j’ajoutais qu’il y avait des personnes ne pratiquant aucune religion. Je sais bien que cela ne plaît pas à ceux qui voudraient faire des instituteurs des commis voyageurs en religion,  et, pour être plus précis, en religion catholique. »

Louis Germain, lettre à son ancien élève Albert Camus, 30 avril 1959.

 

(1). Cette lettre se situe dans le contexte de la loi Debré, qui instaurait un financement public des écoles privées, confessionnelles pour la plupart. Après d’âpres débats, Debré, premier ministre, cumule ses fonctions avec celle de ministre de l’Education Nationale, le titulaire ayant démissionné de son poste, et fait passer la loi en force. Une pétition contre la loi, lancée par le CNAL, réunit près de 11 millions de signatures (il y avait environ 20 millions d’électeurs inscrits à l’époque), malgré les pressions de l’Etat et de l’Eglise.

 

Par Etienne 

 

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