dimanche 6 novembre 2022

Rencontre du mercredi 26 octobre à 18h30 : Claire Baglin


Dans un menu enfant, on trouve un burger bien emballé, des frites, une boisson, des sauces, un jouet, le rêve. Et puis, quelques années plus tard, on prépare les commandes au drive, on passe le chiffon sur les tables, on obéit aux manageurs : on travaille au fastfood.
En deux récits alternés, la narratrice d’En salle raconte cet écart. D’un côté, une enfance marquée par la figure d’un père ouvrier. De l’autre, ses vingt ans dans un fastfood, où elle rencontre la répétition des gestes, le corps mis à l’épreuve, le vide, l’aliénation. 

Retour sur cette rencontre à écouter ci-dessous :

 


mardi 11 octobre 2022

Rencontre du mercredi 28 septembre à 18h30 : Vincent Jarousseau

Il nous tardait de retrouver Vincent Jarousseau - avec cette-fois-ci Thierry Chavant pour la partie bande dessinée - pour son troisième docu-photos aux Éditions Les Arènes, "Les femmes du lien":

 
 
Nous vous proposons de l'écouter ou de le ré-écouter :

 





 Le lien vers la rencontre du 26 juin 2019 :

https://lettresdunion.blogspot.com/search?q=jarousseau

 




samedi 8 octobre 2022

Rencontre du Mardi 11 octobre : Gisèle Sapiro

 Mardi 11 octobre à 20h à l' IRTS de Lorraine, le Ban Saint-Martin.

Conférence de Gisèle SAPIRO, directrice de recherche au CNRS et directrice d’études au Centre européen de sociologie et de science politique – EHESS:

« Penser la domination avec Pierre Bourdieu »

Cette conférence reviendra sur la sociologie de la domination de Pierre Bourdieu, à savoir les principes de structuration des classes sociales, l’intériorisation des dispositions qui forment l’habitus, la différenciation entre les types de capitaux et les mécanismes de fonctionnement de la violence symbolique. L’approche théorique sera incarnée par des exemples tirés des enquêtes qu’il a réalisées, de Travail et travailleurs en Algérie à La Domination masculine, en passant par Les Héritiers et La Distinction, ainsi que de recherches plus récentes menées dans la lignée de cette sociologie.
Conférence introduite par Fanny Zanferrari, responsable de l’axe sociologie à l’IRTS de Lorraine
 
https://www.irts-lorraine.fr/ • Le Ban-Saint-Martin – Entrée libre
Avec les Amis du Monde diplomatique

lundi 8 août 2022

Rencontre du jeudi 16 juin à 18h30 : Pierre Hanot

"Eté 1945. Incarcéré à la prison de Toulouse, un collaborateur revient sur son engagement dans les rangs de la Milice et de la Waffen-SS en consignant souvenirs et réflexions dans un carnet que lui ont procuré ses gardiens. Les virées sanglantes contre la Résistance, la protection rapprochée de Darnand, les interrogatoires dans les sous-sols du Petit Casino de Vichy : le jeune homme ne regrette rien. Au grand dam de son avocat pour lequel le sort de son client semble scellé. Mais à l'heure de l'audience, alors que témoins et enquêteurs mettent à mal la défense de l'accusé, un événement inattendu va faire basculer l'issue du procès."

Plages d'ombres, pages sombres de notre Histoire, retour sur une rencontre à écouter ci-dessous :

 

 
 
 
 


lundi 28 mars 2022

Bakounine, encore

Le 29 novembre 1847, à Paris, se réunissaient des  Polonais exilés, pour une célébration du 17ème anniversaire de l’insurrection polonaise de 1830, noyée dans le sang par le tsar Nicolas 1er. C’est lors de cette réunion que Michel Bakounine, opposant exilé, pas encore anarchiste mais déjà révolutionnaire, prononça le discours dont suit un extrait. Le retentissement de ce discours fut tel que le gouvernement russe demanda et obtint du gouvernement français l’expulsion de Bakounine. Réfugié en Belgique, celui-ci n’attendit pas longtemps : le 24 février 1848, la révolution éclata et le gouvernement de Louis-Philippe fut dissous. Bakounine revint à Paris pour se jeter à corps perdu dans la révolution.

 

(…) Je n'ignore pas combien la Russie est impopulaire en Europe. Les Polonais la regardent, non sans raison peut-être, comme une des causes principales de tous leurs malheurs. Les hommes indépendants des autres pays voient dans le développement si rapide de sa puissance un danger toujours croissant pour la liberté des peuples. Partout le nom de Russe apparaît comme synonyme de brutale oppression et de honteux esclavage. Un russe, dans l'opinion de l'Europe, n'est pas autre chose qu'un vil instrument  de conquête entre les mains du plus odieux comme du plus dangereux despotisme.
    Messieurs, ce n'est pas pour disculper la Russie des crimes dont on l'accuse, ce n'est pas pour nier la vérité que je suis monté à cette tribune. Je ne viens pas tenter l'impossible. La vérité devient plus que jamais nécessaire à ma patrie.
    Eh bien, oui, nous sommes encore un peuple esclave! Chez nous point de liberté, point de respect pour la dignité humaine. C'est le despotisme hideux, sans frein dans ses caprices, sans bornes dans son action. Nuls droits, nulle justice, nul recours contre l'arbitraire; nous n'avons rien de ce qui constitue la dignité et l'orgueil des nations. Il est impossible d'imaginer une position plus malheureuse et plus humiliante.
    A l'extérieur, notre position n'est pas moins déplorable. Exécuteurs passifs d'une pensée qui nous est étrangère, d'une volonté qui est aussi contraire à nos intérêts qu'a notre honneur, nous sommes craints, haïs, j'allais même dire presque méprisés, car on nous regarde partout comme les ennemis de la civilisation et de l'humanité. Nos maîtres se servent de nos bras pour enchaîner le monde, pour asservir les peuples, et chacun de leurs succès est une nouvelle honte ajoutée à notre histoire.
    Sans parler de la Pologne, où depuis 1772, et surtout depuis 1831, nous nous déshonorons chaque jour par des violences atroces, par des infamies sans nom - quel misérable rôle ne nous a-t-on fait jouer (…) partout où notre malfaisante influence a pu seulement pénétrer ?  
Depuis 1815, y a-t-il une seule cause noble que nous n'ayons combattue, une cause mauvaise que nous n'ayons appuyée, une seule grande iniquité politique dont nous n'ayons été les instigateurs ou les complices ?  Par une fatalité vraiment déplorable, et dont elle est elle-même la première victime, la Russie, depuis son avènement au rang d'une puissance de premier ordre, est devenue un encouragement pour le crime et une menace pour tous les intérêts saints de l'humanité !
    Grâce à cette politique exécrable de nos souverains, Russe, dans le sens officiel de ce mot, signifie esclave et bourreau! Vous le voyez, messieurs, j'ai une parfaite connaissance de ma position; et je me présente ici comme Russe, non quoique Russe, mais parce que Russe. Je viens avec le sentiment profond de la responsabilité qui pèse sur moi, ainsi que sur tous les autres individus de mon pays, car l'honneur des individus est inséparable de l'honneur national : sans cette responsabilité, sans cette union intime entre les nations et leurs gouvernements, entre les individus et les nations, il n'y aurait ni patrie, ni nation.
Cette responsabilité, cette solidarité dans le crime, jamais, messieurs, je ne l'ai si douloureusement ressentie que dans ce moment; car l'anniversaire que vous célébrez aujourd'hui, pour vous, messieurs, c'est un grand souvenir, le souvenir d'une sainte insurrection et d'une lutte héroïque, le souvenir d'une des plus belles époques de votre vie nationale. Vous avez tous assisté à ce magnifique élan populaire, vous avez pris part à cette lutte, vous en avez été les acteurs et les héros. Dans cette guerre sainte vous sembliez avoir déployé, répandu, épuisé tout ce que la grande âme polonaise contient d'enthousiasme, de dévouement, de force et de patriotisme! Accablés sous le nombre, vous avez enfin succombé. Mais le souvenir de cette époque à jamais mémorable est resté écrit en caractères flamboyants dans vos cœurs ; mais vous êtes tous sortis régénérés de cette guerre : régénérés et forts, aguerris contre les tentations du malheur, contre les douleurs de l'exil, pleins d'orgueil pour votre passé, pleins de foi dans votre avenir !


Bakounine devait payer son insolence assez cher, puisque arrêté par les prussiens, condamné à mort, livré aux autrichiens, condamné à mort une seconde fois, il fut livré au tsar en 1850 et jeté dans une cellule de la forteresse Pierre-et-Paul à Saint-Pétersbourg. Il resta six ans dans les geôles de Nicolas 1er avant d’être déporté en Sibérie, d’où il s’évada en 1861.

 
(sources : La Réforme, journal  français, 14 décembre 1847 ; Michel Bakounine,  Le Sentiment sacré de la Révolte, Les Nuits Rouges, Paris 2004).


mercredi 16 mars 2022

Rencontre du mercredi 23 février à 18h30 : Dulce Maria Cardoso


Moi je suis moi et que Salazar aille se faire foutre. Un dictateur gouverne le Portugal pendant presque un demi-siècle, puis presque un autre s'écoule après sa mort, et le voilà qui surgit dans ma vie. Tout d'un coup, c'est comme s'il avait toujours été là et qu'il s'emparait de tout. Je ne pouvais pas laisser faire.

Eliete la vie normale démarre sur les chapeaux de roues et si vous comptiez goûter au rythme suave et doucereusement lancinant de la saudade, accrochez-vous! L'héroïne de Dulce Maria Cardoso nous emporte dans son sillage...

Retour sur une rencontre entre deux langues, à trois voix :





 


mardi 1 mars 2022

Humanité et amour de la paix

"Toutes les fois qu'un Etat veut déclarer la guerre à un autre, il commence  par lancer un manifeste, adressé non seulement à ses propres sujets, mais au monde entier, et dans lequel, en mettant tout le droit de son propre côté, il s'efforce de prouver qu'il ne respire qu'humanité et amour de la paix, et que, pénétré de ces sentiments généreux et pacifiques, il a souffert longtemps en silence, mais que l'iniquité croissante de son ennemi le force enfin de tirer l'épée du fourreau. Il jure, en même temps, que, dédaigneux de toute conquête et ne cherchant aucun accroissement de son territoire, il mettra fin à cette guerre aussitôt que sera rétablie la justice. Son antagoniste répond aussitôt par un manifeste semblable, dans lequel naturellement tout le droit, la justice, l'humanité et tous les sentiments généreux se retrouvent de son propre côté. Ces deux manifestes opposés sont écrits avec la même éloquence, ils respirent la même indignation vertueuse, et l'un est aussi sincère que l'autre: c'est-à-dire que tous deux mentent effrontément, et il n'y a que les sots qui s'y laissent prendre.

    Les hommes avisés, tous ceux qui ont quelque expérience de la politique, ne se donnent même pas la peine de les lire; mais ils cherchent à démêler les intérêts qui poussent les deux adversaires à cette guerre, et à peser leurs forces respectives pour en deviner l'issue. Preuve que les considérations morales n'y entrent pour rien.

    Le droit des gens, les traités qui règlent les rapports des Etats, sont privés de toute sanction morale. Ils sont, dans chaque époque déterminée de l'histoire, l'expression matérielle de l'équilibre résultant de l'antagonisme mutuel des Etats. Tant qu'il y aura des Etats, il n'y aura point de paix. Il n'y aura que des trêves plus ou moins longues, des armistices conclus de guerre lasse par ces belligérants éternels, les Etats; et, aussitôt qu'un Etat se sentira assez fort pour rompre cet équilibre à son profit, il ne manquera jamais de le faire. Toute l'histoire est là pour le prouver."
 

Michel BAKOUNINE
Les Ours de Berne et l'Ours de Saint-Pétersbourg.
Complainte Patriotique d'un Suisse Humilié et Désespéré.
(1870)

 



lundi 28 février 2022

Seule la gloire ne s’éteindra pas

« Ris donc ennemi féroce !

Mais prends garde car tout trépasse !

Seule la gloire ne s’éteindra pas ;

Elle ne s’éteindra pas, et racontera

Ce qui est advenu en ce monde,

Qui avait raison et qui avait tort,

Et de qui nous sommes les fils. »

Taras
Chevtchenko
Poète, peintre et humaniste Ukrainien (1814-1861)

  
Portrait de Taras Chevtchenko, Ilia Repine, 1888, Musée russe, Saint-Petersbourg.

Pour la bande-son, écoutez La Makhnovtchina :


D'autres versions par Bérurier Noir

 
Nigra Safo
Fanchon Daemers
 
Et si vous préférez la peinture :

Taras Chevtchenko : Maria, gebaseerd op Pushkin's werk Poltava. Waterverf op papier, 1840.



 

 

 

samedi 8 janvier 2022

Meilleurs voeux pour la nouvelle année!

 Voici les vœux  de Jacques Brel, le 1er janvier 1968 (Europe 1) :

« Je vous souhaite des rêves à n’en plus finir et l’envie furieuse d’en réaliser quelques-uns. Je vous souhaite d’aimer ce qu’il faut aimer et d’oublier ce qu’il faut oublier. Je vous souhaite des passions, je vous souhaite des silences. Je vous souhaite des chants d’oiseaux au réveil et des rires d’enfants. Je vous souhaite de respecter les différences des autres, parce que le mérite et la valeur de chacun sont souvent à découvrir. Je vous souhaite de résister à l’enlisement, à l’indifférence et aux vertus négatives de notre époque. Je vous souhaite enfin de ne jamais renoncer à la recherche, à l’aventure, à la vie, à l’amour, car la vie est une magnifique aventure et nul de raisonnable ne doit y renoncer sans livrer une rude bataille. Je vous souhaite surtout d’être vous, fier de l’être et heureux, car le bonheur est notre destin véritable. »

Jacques Brel en 1962 - Crédits photographiques : Jac. de Nijs  / Anefo

La veille, le 31 décembre 1967, le général De Gaulle, président de la république, adressait les siens à la nation sur les deux chaînes nationales  (INA) :
 
« (…) On ne voit pas comment nous pourrions être paralysés par des crises telles que celles qui nous ont jadis fait tant souffrir. Au contraire, on peut espérer que l’ardeur du renouveau faisant son chemin et ses promoteurs , surtout les jeunes, faisant leur œuvre, notre république trouvera des concours de plus en plus actifs et étendus (…)
Dans le domaine économique et social, si l’immense transformation qu’accomplit la nation française doit comporter forcément  pour elle, de janvier jusqu’à décembre, des efforts et des difficultés, c’est tout de même avec espoir qu’en son nom, je salue l’année 1968. »