Ernest J. Gaines est mort le 5 novembre dernier, à l’âge de
86 ans.
Il s’agit, avec Toni Morrison (elle aussi récemment
disparue), d’un des plus grands noms de
la littérature noire américaine. Après la génération des Chester Himes,
Langston Hughes, Richard Wright ou James
Baldwin, celle de Morrison et Gaines (né en 1933 à Oscar, Louisiane) est celle
des gens qui ont connu la fin de la ségrégation, mais sont restés extrêmement
critiques vis-à-vis de la situation des noirs aux Etats-Unis. Gaines est
l’auteur de neuf romans et de nouvelles, ainsi que d’un essai , Mozart and Leadbelly (« Mozart est
un joueur de blues »).
On a qualifié Gaines de « Faulkner noir » ;
ce qui n’est pas exagéré. N’aurait-il écrit que « Colère en
Louisiane » (A Gathering of Old Men)
qu’on pourrait déjà le dire. Mais au moins deux de ses autres romans,
« Autobiographie de Miss Jane Pittman » et « Dites-leur que je
suis un homme » (A Lesson before Dying),
sont, tant sur le fond que dans la forme, du même très haut niveau. Ce dernier
roman est le récit poignant de la condamnation à mort de Jefferson, qui,
quoique innocent, est traité de « hog »
(porc) par ses juges et même son avocat : « …autant placer un porc sur la chaise électrique !» Le récit tourne autour de l’apprentissage,
par ce jeune homme, de son humanité, grâce à l’intervention de sa marraine et
d’un instituteur, Grant Wiggins. Le nom de Gaines avait été évoqué pour le prix
Nobel de littérature en 2004.
Les œuvres de Gaines ont été traduites en français par
Michelle Herpe-Voslinsky, et publiées chez Liana Levi, alors que la plupart des
éditeurs parisiens avaient refusé de le publier. « Colère en
Louisiane » a été très fidèlement adapté au cinéma par Volker Schlöndorff,
en 1987.
Etienne