mercredi 12 mai 2021

LE CINEMA ET LA COMMUNE

Evénement majeur de la fin du XIXème siècle, la Commune de Paris (1871) est le moment de la révolte et de l’utopie réalisée. La Commune, bref éclair de ferveur et d’espoir, déchirure dans les temps sombres de l’Histoire, sera violemment réprimée par les Versaillais lors de la « Semaine Sanglante ». Son échec constituera néanmoins et pour toujours le modèle de toutes les révolutions futures, un ferment de l’imaginaire révolutionnaire, une ouverture dans l’horizon des possibles.


Cet instant de grande fracture a trouvé dans le champ littéraire une approche contrastée : quelques auteurs ont pris fait et cause pour les Communards (Rimbaud, Vallès, Verlaine, Villiers de l’Isle Adam), l’immense majorité des autres se sont ralliés à la réaction (Zola, les frères Goncourt, Flaubert, George Sand, Dumas fils, Gautier), vomissant les communards en des termes répugnants. La Commune a d’une certaine manière changé le destin de la Littérature française, forçant chacun à choisir son camp, elle est devenue l’image spéculaire de tous les antagonismes sociaux, de toutes les contradictions de classes.
Rien de tel dans le domaine de la représentation cinématographique. Dès les premiers films muets, le cinéma aborde la Commune comme un champ fertile d’expérimentations visuelles, graphiques et idéologiques. Ainsi en est-il de La Nouvelle Babylone (1929), film soviétique du collectif de la FEKS dirigé par Trauberg et Kozinstev. Extraordinaire symphonie visuelle, magnifiée par la partition de Chostakovitch, La Nouvelle Babylone emprunte ses motifs visuels à l’art classique, mais ses choix idéologiques seront en phase avec les préoccupations de la jeune Révolution Russe.

Dans un tout autre registre, mais toujours sous le sceau de l’expérience collective, l’aventure hors-norme de La Commune (Paris 1871) (2000) de Peter Watkins. Le film subvertit, en les mettant en évidence, toutes les mystifications des dispositifs informationnels aliénants. Watkins nous fait vivre ce pur moment du soulèvement et de la prise de parole révolutionnaire. Le spectateur entre dans la durée immersive d’un évènement auquel il participe, le film devient ainsi ce laboratoire d’idées où s’opère la critique radicale des mass médias et de la « monoforme » selon Peter Watkins.

La Commune de Paris a 150 ans, mais sa réalité est actuelle.


Etienne LESOURD et Maurice RAUSCH vous présenteront ces deux films le mardi 18 mai à 19h30, à partir du lien indiqué ci-dessous :

https://meet.google.com/uyb-ytbw-ceh?authuser=0

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