lundi 22 mars 2021

Les chansons de la Commune de Paris


La Commune a été le sujet de dizaines de chansons.

Deux  remarques préalables :

Je ne parle que de chansons écrites par des communards, avant, pendant et après les événements.

Et il y a deux catégories de chansons de la Commune.

1°) Des chansons qui utilisent une musique préexistante en détournant les paroles : ce sont les plus nombreuses. On y trouve « La défense de Paris », « Le drapeau rouge », « Le mouvement du 18 mars », « La république sociale », et même une « Marseillaise de la Commune », écrite par Mme Jules Faure (son prénom ne nous est pas parvenu !). Dans cette catégorie on trouve aussi des poésies écrites par des communards, tels qu’Emile Dereux (« Paris pour un bifteck »), Jules Jouy (« Le tombeau des fusillés », « Les inconnus ») Eugène Chatelain (« Vive la Commune ») et même Louise Michel (« La danse des bombes »). Il s’agit alors de textes auxquels ont été ajoutées les musiques, parfois des années plus tard. Lesdites musiques sont empruntées au folklore populaire et à des auteurs plus ou moins connus.

2°) Des poésies qui ont été mises en musique après, sans  avoir été destinées à l’être au départ : c’est le cas des deux poètes  les plus célèbres de la Commune, Jean-Baptiste Clément et Eugène Pottier, tous deux communards.

Deux des chansons  les plus célèbres n’ont pas été écrites pendant la Commune, mais avant : « La canaille », d’Alexis Bouvier et Joseph Darcier (1865), et « Le temps des cerises » (1867), de Jean Baptiste Clément, mise en musique par Antoine Renard en 1868. La seconde est de loin la plus connue des chansons de la Commune, avec son imagerie des « gouttes de sang » dont Abel Meeropol s’est peut-être souvenu, sur un mode plus tragique,  en écrivant  « Strange Fruit », immortalisée par Billie Holiday ; « Le temps des cerises » a connu de très nombreuses versions.

Une autre chanson a fait le tour du monde, mais dans des conditions bien différentes : « L’Internationale » d’Eugène Pottier, de loin le plus inspiré des auteurs de poésies mises en musique autour de la Commune. « L’Internationale » existe en deux versions, la première, datant de 1871, ayant été modifiée par Pottier avant sa mort. C’est cette seconde version qui, mise en musique par Pierre Degeyter, deviendra l’hymne des mouvements ouvriers révolutionnaires du monde entier. Mais elle connaîtra bien des vicissitudes, ne serait-ce qu’en devenant l’hymne officiel de l’URSS de Staline (jusqu’en 1944), mais aussi parce que, sous l’influence des dirigeants des partis « socialistes » ou « communistes » elle sera amputée de moitié. Le couplet qui suit :

 

Les rois nous soûlaient de fumées,

Paix entre nous, guerre aux tyrans !

Appliquons la grève aux armées,

Crosse en l’air et rompons les rangs !

S’ils s’obstinent, ces cannibales,

A faire de nous des héros,

Ils sauront bientôt que nos balles

Seront pour nos propres généraux.

 

fut systématiquement omis. Parbleu ! ils dirigeaient des armées ! Et deux autres passèrent à la trappe. Il est aujourd’hui difficile de trouver une version complète de la chanson (je vous signale celle de Marc Ogeret).

Pour le reste, Pottier a écrit : « Elle n’est pas morte » (« Tout ça n’empêche pas, Nicolas, / Qu’la Commune n’est pas morte »), « Le 31 octobre », « La terreur blanche », « En avant la classe ouvrière », « Le pressoir », « L’insurgé », « Jean Misère ».

Jean-Baptiste Clément, outre « Le temps des cerises », a écrit « Le capitaine au mur », et surtout « La semaine sanglante » :

Oui mais ça branle dans le manche

Les mauvais jours finiront

Et gare à la revanche

Quand tous les pauvres s’y mettront

Quand tous les pauvres s’y mettront.

 

Où trouver ces chansons ? Un album,  La Commune en Chantant, a été enregistré en 1971, réédité en CD en 1988. Parmi les interprètes, il y a Mouloudji, Francesca Solleville, Armand Mestral et diverses chorales. On y  trouve 9 chansons de Pottier, 2 de Clément, 2 de Jules Jouy. Et « L’Internationale » dans sa version expurgée. Cet album peut être écouté sur le site vrevolution.free.fr.

 

Marc Ogeret a, pour sa part, enregistré un album,  Autour de la Commune, sur le label Vogue (enregistré en 1968, sorti en 1972) : dix chansons, dont « Le temps des cerises », « La canaille », « La semaine sanglante », « Elle n’est pas morte », et « L’Internationale » en version intégrale. Il a été réédité en CD en 1994.

Ces deux albums sont épuisés.


 

Le site revoltes.net présenterait des chansons de la Commune mais je n’ai pas réussi à m’y connecter.

Voir aussi sur Youtube, bien sûr.

Il y a un mini album de versions électroniques, Communardes Communards … sur dubamix.net

Je signale pour ma part Noir… et rouge aussi un peu, du groupe nancéien Les Amis d’ta Femme, qui donne des versions de « La canaille », « La semaine sanglante », « Elle n’est pas morte » et « Le sang des martyrs », dans des styles joyeusement parodiques de pop, rock, et jazz. Le CD vaut d’être recherché, car, outre ces chansons, il comprend des chansons anarchistes, antimilitaristes (« La chanson de Craonne »), et d’autres, plus récentes.


 


Enfin, il faut lire Les Poètes de la Commune, de Maurice Choury (1970), préface de Jean-Pierre Chabrol, aux Editions Seghers, où l’on trouve Pottier, Clément, Jules Jouy, Emile Dereux, Louise Michel, en compagnie de Hugo, Vallès, Verlaine, Vermersch,  bien sûr Rimbaud, et une dizaine d’autres. Encore un titre à rechercher...

 


Par Etienne

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