Idir / Crédits
© Patrick Swirc
« Idir a choisi de s’affirmer contemporain de
notre temps : méditerranéen, algérien kabyle. Sa musique est la musique
algérienne d’aujourd’hui telle qu’elle pourrait être, débarrassée du plagiat
aliénant et refusant la dynamique de recul et de nostalgie d’une certaine
folklorisation pour imposer la recherche
d’un progrès réel et digne, d’un modernisme ancré solidement dans les réalités
du pays. C’est une musique du refus, de la difficulté, et en définitive de fidélité et d’amour. Il
faut aimer les hommes pour les convier à la musique. Mais pour cela il faut
aimer la terre et la graine, son offrande. Idir aime son pays et son chant. (…)
Cette musique de tendresse qui s’arrête avec épanchement sur les réalités de la
vie quotidienne pour mieux s’imprégner de leur poésie, décrivant l’angoisse et
l’espoir mêlés des hommes et de l’artiste, est une musique de la vie, une note
d’espérance. Elle a la force du démenti.
Encore fallait-il prendre le risque, sur la
place du marché où les discours faux et contradictoires des épiciers qui
comptent leurs sous en vantant leurs marchandises dans un brouhaha
assourdissant, de s’installer sur le tabouret nouveau et curieux de
l’authenticité pour crier une sincérité »
Idir, de son vrai
nom Hamid Cheriet, né près de Tizi Ouzou, en Algérie kabyle, en 1949, est
décédé le 2 mai 2020 à Paris. Il chantait en tamazigt, la langue des Berbères.
Il est le créateur
de la chanson « A vava inou va », qu’il avait enregistrée par hasard,
la chanteuse qui devait l’interpréter ne s’étant pas présentée. Puis il part faire son service militaire. La
chanson devient, à son insu, un tube planétaire. Libéré de ses obligations
militaires, il se rend en France, où il enregistre l’album éponyme A Vava Inou Va. Sa carrière est lancée,
mais Idir ne joue pas le jeu. Il enregistre peu, donne des concerts, se retire
pendant dix ans, revient, et organise des rencontres avec de nombreux autres
musiciens : Manu Chao, Maxime Le Forestier, Akhenaton, Grand Corps Malade,
Zaho, Zebda, Manu Dibango (lui aussi récemment disparu).
Je l’ai vu en
concert deux fois : la première à Uckange, dans un gymnase plein à
craquer. 99 % des spectateurs étaient berbères ou arabes. Une pêche d’enfer
communicative : nous avons dansé pendant tout le concert. La seconde, à
Borny, en plein air, un concert gratuit : même ambiance avec un public
plus diversifié, trop heureux de l’aubaine.
Il donne ainsi beaucoup de concerts :
en 1995 avec Khaled en pleine guerre civile en Algérie : « le raï oranais rencontre la poésie
contestataire kabyle » disent les Inrocks ; en 1998 en hommage à
Lounès Matoub chanteur kabyle comme lui, assassiné par les intégristes
islamistes.
Il a réenregistré A Vava Inou Va en 1991, dans des versions différentes de
l’original. L’album microsillon vaut d’être recherché.
Un extrait du concert d'Idir à Metz Borny :
Le lien vers le site officiel :
https://idir-officiel.fr/
Et un lien vers le site "la-bas.org" pour découvrir un document étonnant :
"En 1993, IDIR et JOHNNY CLEGG se parlent et jouent ensemble par écran interposé,
à 10 000 kilomètres de distance, comme les confinés d’aujourd’hui !"
https://la-bas.org/la-bas-magazine/reportages/idir-notre-ami
Et un lien vers le site "la-bas.org" pour découvrir un document étonnant :
"En 1993, IDIR et JOHNNY CLEGG se parlent et jouent ensemble par écran interposé,
à 10 000 kilomètres de distance, comme les confinés d’aujourd’hui !"
https://la-bas.org/la-bas-magazine/reportages/idir-notre-ami
Par Etienne