Où les mots se déplacent sans attestation dérogatoire
« Mais la liberté - je parie- n'est encore que la joie d'un pauvre petit chemin, frayant entre les grilles d'énormes prisons. » p.475 de l’édition Le Livre de Poche.
Mario Vargas Llosa, son nom apparaît dans ce billet alors qu’il n’est pas
question d’un de ses livres. Ce dernier a eu pourtant un apport indirect
décisif dans ma découverte du chef-d’oeuvre de João Guimarães Rosa, Diadorim.
Roman pour lequel il a d’ailleurs écrit la préface de la version française,
un signe ? Bien entendu !
Début 2018, après avoir refermé La Guerre de la fin du monde du
premier nommé et être tombé sous le charme du sertão, l’arrière-pays
brésilien, je me suis mis en quête d’autres romans se déroulant dans ce lieu
pourtant pas très avenant... Mes recherches me font m’arrêter dans un premier
temps sur Les chemins de la faim de Jorge Amado puis enfin sur le
Graal ! Ce cheminement est facilement vérifiable en consultant
l’historique de mes achats dans votre librairie.
Mes premiers contacts avec ce roman sont néanmoins difficiles et rien ne me
laissait présager ce qui allait suivre. A force de persévérance, car mes
nombreux échecs avaient un goût de reviens-y, on parvient à dompter cette
écriture roséenne si unique et spéciale !
Et là, c’est l’évasion totale, la déconnexion absolue, on est dévoré par un
feu inextinguible qui nous permet d’arriver à bout, après plusieurs semaines,
de ce long monologue de plus de 900 pages.
On se laisse envoûter par les questionnements intérieurs de Riobaldo sur
Dieu, le Diable, l’Amour, l’Humanité, la Faune et la Flore qui l’entourent et
caetera. Le narrateur, passant du coq à l’âne sans coup férir, pouvant nous
transporter d’un récit de bataille très prenant et violent à une confession
d’une grande tendresse sur ses Amours ou encore nous faire rire aux éclats par
la description des rustres aux surnoms loufoques qui l’entourent puis nous
faire réfléchir sur la Vie en générale avec ses questions existentielles,
rendent la lecture fluide et captivante !
Ce roman est parfait pour s’évader en ces temps de confinement et pour la
petite confidence, je ne suis toujours pas revenu de ma première lecture. Il
m’est impossible depuis de lire en entier d’autres romans, seuls ceux de Mia
Couto, lui-même grand admirateur de João Guimarães Rosa, parviennent à me
retirer de ma retraite « diadorimesque ».
Depuis, j’ai bien dû l’acheter plus d’une dizaine de fois (facilement
vérifiable) pour les offrir ou les abandonner dans les rares boîtes à livres de
Metz. Un vrai travail de propagandiste.
En espérant que vous soyez un Heureux Elu.
En vous souhaitant bon courage !
Par Alexandre